Quelques jours avant la chute du gouvernement, Jean-Marie Fabre, président des Vignerons Indépendants de France a rappelé que la filière a présenté dès juillet son diagnostic et sa feuille de route à la ministre de l’Agriculture : arrachage, distillation, prix rémunérateurs, trésoreries.
Pour lui, l’instabilité politique ne doit pas freiner la mise en œuvre des mesures : « Je ne peux imaginer que le gouvernement de François Bayrou n’a pas profité de l’été pour bétonner le soutien au vignoble », explique-t-il, soulignant l’ampleur d’une crise où « quasiment personne n’échappe » aux difficultés de trésorerie, aux aléas climatiques et au ralentissement commercial.
Le président des Vignerons Indépendants a plaidé pour que la France obtienne dès cet automne l’activation des outils européens de gestion de crise – arrachage et distillation – avec un financement de 200 à 250 millions d’euros prélevés sur les budgets de réserve. Il aussi réclamé à ce que les vins français soient prioritaires dans les négociations commerciales avec les États-Unis, afin de contrer l’alourdissement des droits de douane, et qu’un plan exceptionnel de 50 à 100 millions d’euros soit consacré à la promotion à l’export.
Au-delà de l’urgence économique, Jean-Marie Fabre a à nouveau insisté sur la nécessité d’un véritable « plan Marshall » pour adapter le vignoble au changement climatique. « Ce n’est plus une utopie mais une nécessité », a-t’il affirmé, appelant à donner aux entreprises viticoles les moyens de résister aux aléas et de continuer à approvisionner les marchés.
« Aujourd’hui que nous entrons dans une phase d’instabilité politique, j’espère que le travail a été mené pour ne pas plonger davantage le vignoble dans la crise », conclut le président des Vignerons Indépendants, qui appelle à transformer sans attendre les annonces de juillet en actions concrètes.
RENDEZ-VOUS INSTITUTIONNEL :
Le 4 septembre, les organisations de la production, dont les Vignerons Indépendants, ont rencontré les conseillers du Premier ministre pour évoquer les impacts des normes environnementales et la nécessité d’un cadre plus lisible pour la viticulture.
Le 19 juin dernier, les organisations de la production, parmi lesquelles les Vignerons Indépendants, avaient alerté le Premier ministre sur les conséquences d’une application changeante et de plus en plus contraignante des normes environnementales pour les exploitations viticoles.
À la suite de ce courrier, elles ont été reçues le 4 septembre par les conseillers Agriculture et Environnement du Premier ministre. L’objectif de cette rencontre était de rappeler la nécessité de trouver un équilibre entre exigences environnementales et viabilité économique des exploitations.
Pour présenter leur demande, les organisations ont présenté les évolutions récentes de la réglementation et leurs effets concrets sur le terrain, notamment :
- la problématique des Zones de Non-Traitement (ZNT),
- le renouvellement des AMM (autorisations de mise sur le marché) avec l’introduction de distances de sécurité (DSPPR) même pour des produits de biocontrôle ou homologués en bio,
- les retraits de produits cupriques cet été, en contradiction avec les objectifs de développement de l’agriculture biologique,
- l’application immédiate de l’arrêté pollinisateurs,
- l’étude Pestiriv,
- et les modalités d’utilisation des drones en viticulture, définies sans concertation avec la profession.
Ces exemples illustrent un cadre réglementaire instable et contraignant, générant incertitude et désarroi pour les exploitants. Les organisations ont insisté sur la nécessité d’une vision pluriannuelle claire, permettant aux domaines de planifier leurs investissements, et sur l’importance d’une concertation réelle en amont des évolutions. Les Jeunes Agriculteurs ont rappelé que cette instabilité pèse particulièrement sur les installations.
En réponse, les conseillers ont réaffirmé l’ambition du gouvernement : accompagner la viticulture face au changement climatique et sur l’environnement, dans une logique de transition progressive et non de rupture. Ils ont souligné la volonté de faire avancer le cadre européen en cohérence avec les décisions nationales, afin d’éviter les décalages que l’on connait. Deux axes prioritaires ont été mis en avant : l’harmonisation des décisions au niveau européen et l’absence de surtransposition.